Publié le 7 Avril 2016

"Le nom de ce nouveau mouvement, c'est 'En Marche'. Je ne sais pas si ça va réussir." Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a dévoilé, mercredi 6 avril, un nouveau mouvement politique, lors d'une rencontre publique à Amiens (Somme), la ville où il a grandi. "J'ai pris du temps, j'ai réfléchi, j'ai consulté, j'ai associé et j'ai décidé qu'on allait créer un mouvement politique, un mouvement politique nouveau."

"J'ai décidé qu'on allait créer un mouvement politique nouveau qui ne sera pas à droite, qui ne sera pas à gauche" a expliqué Emmanuel Macron. "Vous pouvez être membre du PS ou des Républicains et adhérer à En Marche." Une vidéo et en site internet ont ensuite été lancés au même moment.

L'adhésion sera gratuite. Il sera même possible d'avoir une double appartenance avec le PS, l'UDI, EELV et même Les Républicains. La seule incompatibilité est avec les partis dont "les valeurs sont manifestement incompatibles avec les nôtres". En creux on devine que le Front national et même l'extrême-gauche sont exclus.

Dans son clip de lancement le "mal Français", le ministre de l'Economie dénonce des "blocages politiques et sociaux" qui préservent les privilèges de quelques uns au détriment de millions d'autres", "les blocages économiques qui font que l'ascenseur social est en panne pour des millions de Français".

L'actuel ministre de l'Economie l'assure : il ne s'agit pas d'une rampe de lancement pour la présidentielle. Du moins, pas pour la prochaine échéance. "Une candidature en 2017 n'est pas ma priorité aujourd'hui", a-t-il assuré.

"Notre pays est face à un défi historique. Si nous restons dans la même posture, nous allons vers la décadence" explique-t-il, avant d'appeler à réduire les inégalités : "Il faut une société avec du risque, des opportunités mais plus de justice".

Selon France 2, le ministre a prévenu François Hollande de son initiative de créer un nouveau mouvement politique. L'Elysée a donné son accord, gageant de la fidélité de l'homme. Mais si François Hollande venait à jeter l'éponge, alors Emmanuel Macron pourrait être celui qui incarnerait "le renouveau politique", selon un de ses proches cité par France 2.

L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin (LR) s'est empressé de souligner ne voir "aucune incompatibilité" entre son champion pour la primaire à droite, Alain Juppé, et Macron. "Il n'y a pas d'incompatibilité entre les sensibilités, les deux tempéraments, les deux cultures", et donc "des partenariats" ne seraient "pas impossibles".

"C'est pas mal, ça apporte un peu de sang neuf, ça fait peut-être bouger un peu le vieux socialisme", s'est en outre délecté le sénateur de la Vienne sur France 2.

Même avis pour le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde, pour qui "Emmanuel Macron me semble parfaitement compatible avec l’UDI. Mais à chaque fois, son gouvernement lui dit de se taire", a regretté le député-maire de Drancy sur iTélé.

"J'aime bien l'initiative". On a connu le patron du Medef moins sobre sur les initiatives du ministre, qu'il adore et dont il souhaitait qu'il prenne, en plus de Bercy, la main sur le ministère du Travail fin août. "En marche !" "permet de sortir de la politique politicienne. S'il peut lancer un grand débat à un an d'une grande échéance pour le pays, je trouve ça rafraîchissant", s'est borné à commenter Pierre Gattaz sur France Inter.

Jean-Luc Mélenchon, "Les gens qui ont mis en panne toute l'économie du pays et qui s'appellent en marche, ça me fait rire", lance-t-il sur France Info. "Je ne sais pas qui manœuvre pour qui dans cette histoire, chacun des importants a [mis] une pièce sur le blanc et le noir", sur l'échiquier politique.

Eric Woerth, "Je suis d'accord avec Emmanuel Macron, il faut en finir avec l'immobilisme" analyse sur LCI le député LR de l'Oise qui refuse, cependant, de "rompre avec le débat droite-gauche". Quant au citoyen, l'ancien ministre regrette qu'il soit "mis à toutes les sauces". Il faut "des idées puissantes et directes" mais que les citoyens soient associés "à ce qui les concerne".

Christian Estrosi, "Monsieur Macron nourrit en moi beaucoup de doutes. Pour que sa démarche soit crédible, il faudrait qu'il démissionne du gouvernement conservateur. Il n'a aucune crédibilité. Il essaie de faire un petit club pour sauver le soldat Hollande et créer un écran de fumée", a-t-il jugé sur RTL.

Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis imagine que "peu" d'adhérents du Parti socialiste rejoindront En Marche. "Il peut y avoir des hommes et femmes qui peuvent se reconnaître dans ce type d'initiative", a-t-il reconnu dans le Talk Le Figaro, et "tout ça peut faire du buzz", mais "à la fin il faut être candidat ou ne pas être candidat".

"Tiens donc..", s'est contentée de tweeter la députée PS frondeuse, et ancienne ministre, Aurélie Filippetti.

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 6 Avril 2016

À l'occasion d'une nouvelle session de Questions/Réponses sur sa page Facebook consacrée à l'éducation, le président des Républicains s'est prononcé pour la première fois en faveur du rétablissement partiel du service militaire.

Interpellé par un internaute qui l'interrogeait sur le retour de la conscription supprimée par Jacques Chirac en 1996, l'ancien président de la République a affirmé ce mardi 5 avril ne pas croire "à la possibilité de rétablir le service militaire pour toute une classe d'âge de près de 800.000" jeunes de 18 ans. En revanche, celui-ci préconise de rétablir le service militaire pour les "100.000 jeunes qui décrochent" chaque année.

Nicolas Sarkozy pour le rétablissement du service militaire pour les jeunes qui décrochent

Aujourd'hui, ces jeunes "sont laissés dans la nature, détaille-t-il. Nos propositions consistent à dire à tous ces jeunes à partir de 18 ans, soit vous avez un travail, soit vous avez une formation, soit vous partirez au service militaire car c'est la seule institution capable de resocialiser des jeunes en perte de repères".

Selon Nicolas Sarkozy, le rétablissement d'un service national obligatoire pour les décrocheurs leur offrira "la possibilité d'apprendre à se lever tôt, de se consacrer à différentes taches dans la journée, de passer le permis de conduire, d'apprendre une langue étrangère".

Déjà interrogé sur le rétablissement du service militaire lors d'une précédente session de Questions/Réponses toujours sur le réseau social, Nicolas Sarkozy avait alors botté en touche, estimant que "cela présenterait bien des avantages" tout en émettant des doutes "sur les difficultés de mise en oeuvre d'une telle mesure et surtout sur son coût".

Favorable à la réintroduction du gel des allocations familiales pour les parents d'enfants absentéistes mais hostile à la réintroduction du certificat d'études, Nicolas Sarkozy se prononce en faveur d'un ministère de l'Instruction plutôt que de l'Education.

En ce jour de mobilisation étudiante contre la loi Travail, Nicolas Sarkozy s'est également prononcé sur les blocages et les dégradations commises en marge des manifestations. Affichant sa fermeté, l'ancien président estime que "tous ceux qui ne respecteront pas la règle, qui se conduiront de manière violente à l'intérieur ou à l'extérieur" des établissements doivent être "déférés devant un juge si les actes sont passibles d'une sanction pénale" ou bien encore "envoyés dans des internats de réinsertion scolaire si besoin" et ce de manière obligatoire. Ces établissements de réinsertion scolaire (ERS), censés accueillir les élèves les plus perturbateurs, avaient été créés sous son quinquennat.

Interrogé sur la vidéo du lycéen frappé au visage par un policier qui avait soulevé une forte indignation, Nicolas Sarkozy se dit "choqué". "J'ai trouvé que le policier qui a frappé a fait là un acte disproportionné, même si être policier est très difficile". Pour autant, assure-t-il au sujet de la loi El Khomri, "je ne comprends pas [que les jeunes] se mobilisent contre une loi qui, au pire, ne leur fera pas de mal et, au mieux, ne sert à rien".

"Je peux comprendre la colère des jeunes lorsqu'ils n'ont ni espoir, ni considération. Mais je mets en garde contre toute manipulation", prévient encore l'ex-chef de l'Etat.

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 6 Avril 2016

Alors que la Commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale a entamé mardi l'examen des amendements au projet de loi Travail, les organisations de jeunesse ne désarment pas.

Selon la préfecture, entre 3200 et 3400 manifestants ont été recensés à Paris lors de cette nouvelle journée de mobilisation pour le retrait du texte. Le défilé officiel parisien, mené par Jean-Claude Mailly (FO), Philippe Martinez (CGT), William Martinet (Unef) et des représentants des organisations lycéennes, a relié mardi après-midi Bastille à Denfert-Rochereau.

Ils étaient aussi mobilisés dans le reste de l'Hexagone, notamment à Nantes, Toulouse ou Rennes. Selon le ministère de l'Intérieur, il y avait 23 800 manifestants dans toute la France. Au total 177 personnes ont été interpellées. Parmi elles, 11 ont été placées en garde vue.

- À Paris, les policiers ont chargé en milieu de journée des jeunes cagoulés et armés de bâtons, mêlés à des lycéens manifestant contre la loi travail. Des affrontements ont éclaté entre CRS et manifestants place de la Nation juste avant le départ du cortège. La préfecture de police a annoncé l'interpellation de 130 personnes pour "vérification d'identité".

Les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes puis chargé à plusieurs reprises, pour disperser des groupes de jeunes qui jetaient des pierres, des bouteilles en verre et des oeufs, scandant "police partout, justice nulle part" et "tout le monde déteste la police".

- À Toulouse, quatre personnes ont été interpellées mardi soir, lors d'incidents survenus à l'issue de la manifestation contre la loi Travail. Quelque 800 personnes selon la police avaient manifesté en fin d'après-midi, bloquant plusieurs artères du centre-ville, déjà paralysé par une manifestation des taxis. Parmi les manifestants, beaucoup d'étudiants et de lycéens, brandissant des banderoles comme "He Ho On rentre du Boulot" et "Pas de Taf".

Vers 18h30, des incidents ont éclaté dans le quartier de la gare Matabiau, au moment de la dispersion de la manifestation, trois personnes ont été interpellées pour «dégradations volontaires» et une quatrième pour «outrage à agent de la force publique» sur un point de circulation.

- À Nantes, au moins 1.600 personnes, selon la police, ont manifesté contre la loi travail. Moins d'une heure après le début de la manifestation vers 15h, les premiers incidents ont éclaté entre la police et les manifestants, principalement des jeunes. Des manifestants ont jeté des projectiles vers les forces de l'ordre sur la place Graslin où se trouve l'opéra de Nantes.

Puis les manifestants se sont dirigés vers le cours des Cinquante-otages et certains d'entre eux ont tenté de pénétrer dans le siège local du Parti socialiste en en sciant, à l'aide d'une meuleuse, les grilles métalliques. La police est intervenue à grand renforts de gaz lacrymogènes pour interrompre leur entreprise. Deux manifestants ont été interpellés.

- À Lyon, au moins 1.400 personnes ont manifesté contre la loi travail. Ils prévoyaient de passer une "Nuit debout" en centre-ville, sur le modèle des rassemblements parisiens. Une partie des manifestants sont allés jusqu'à Villeurbanne, où se trouvait le patron du Medef, Pierre Gattaz, pour le Printemps des Entrepreneurs.
Bloqués aux abords du site, certains ont jeté des bouteilles et des pierres sur les forces de l'ordre.

Plus d'une trentaine de lycées étaient bloqués en France mardi, selon le décompte du ministère de l'Education nationale, qui prévient que toute dégradation matérielle à l'intérieur des établissements donnera lieu à des enquêtes. La rue de Grenelle a répertorié des blocages dans 34 établissements sur les 2500 que compte la France, contre quelque 170 lors de la précédente journée de mobilisation, le 31 mars.

Un chiffre très éloigné de celui de l'Union nationale lycéenne (UNL), qui en répertorie 150, dont une quarantaine en région parisienne. Dans un communiqué, la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem "condamne ces blocages qui conduisent trop souvent à des débordements inacceptables", faisant référence à un incendie volontaire qui a détruit le hall d'accueil d'un établissement de Levallois-Perret (ouest de Paris).

- À Rennes, des manifestants ont occupé les voies ferrées, obligeant l'arrêt des trains. Plusieurs centaines de manifestants sont descendus sur les voies au niveau d'un pont situé à l'ouest de la gare, repoussés par quelques dizaines de membres des forces de l'ordre à grand renfort de gaz lacrymogènes. Afin d'assurer la sécurité, la SNCF a coupé l'alimentation électrique à 13h40, a indiqué Thierry Chaplais, chargé des relations médias à la SNCF Bretagne. Plusieurs trains sont restés bloqués à quai.

Une demi-heure plus tard, les manifestants avaient quitté les voies, mais des heurts avec les forces de l'ordre se poursuivaient après 15 heures juste au sud de la gare, au niveau de la prison des femmes.Huit personnes ont été interpellées.

Le mouvement "Nuit Debout" continue à Paris. Il vient de passer sa 5e nuit place de la République, dans la capitale, réunissant quelques centaines de personnes, sera de nouveau dehors ce mardi soir. Cette mobilisation, qui dénonce le projet de loi mais également le tout-sécuritaire ou encore le mal-logement, prend également dans une vingtaine d'autres villes : Lille, Strasbourg, Rennes, Lyon, Grenoble, Bordeaux, Saint-Etienne, Avignon...

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 6 Avril 2016

L’ancienne Garde des Sceaux est officiellement retraitée, selon France Inter, qui précise qu’elle vient de faire valoir ses droits pour la retraite.

Christiane Taubira, qui ne peut pas toucher de pension pour son poste au sein du gouvernement, a néanmoins le droit à une retraite grâce à ses postes précédents de députée de Guyane, députée européenne et conseillère régionale de Guyane :

- 2700 euros par mois pour son poste de députée de Guyane

Députée de Guyane de 1993 à 2012, Christiane Taubira peut prétendre à une retraite pour ce poste exercé pendant un peu plus de 19 ans. En moyenne la retraite d’un ancien député s’élève à 2700 euros nets par mois.

- 101,70 euros par an pour son poste de conseillère régionale

Christiane Taubira a également été conseillère régionale de Guyane de 2010 à 2015. L’indemnité retraite annuelle moyenne d’un conseiller régional s’élève à 101, 7 euros par année de mandat. On parle plus ici de retraite complémentaire, avec une somme qu’elle touchera pendant environ six ans et qui complétera ses autres revenus.

- 1250 euros par mois pour son poste de députée européenne

L’ancienne ministre va également pouvoir toucher une retraite pour son mandat de députée européenne, effectué entre 1994 et 1999. « Pour avoir siégé au parlement européen pendant 5 ans, le député âgé de 63 ans, et plus, percevra une retraite de 1250 euros », selon francetvinfo.

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 5 Avril 2016

Le Front national est bien le parti français concerné par les noms cités dans les "Panama papers" révélés par "Le Monde", qui mettent au jour les pratiques offshore de nombreuses personnalités du monde entier.

Les "Panama papers" révèlent comment des proches de la présidente du Front national Marine Le Pen ont organisé un système complexe d'évasion fiscale, assure Le Monde.

L’enquête conduite par Le Monde en partenariat avec le Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ) a permis de mettre au jour un système de dissimulation d’avoirs financiers, organisé dans des centres offshore d’Asie et des Caraïbes par le premier cercle de fidèles de la présidente du Front national (FN), au premier rang desquels l’homme d’affaires Frédéric Chatillon et l’expert-comptable Nicolas Crochet.

Tous les deux sont aujourd’hui mis en examen dans le cadre de l’enquête sur le micro-parti de Marine Le Pen et le financement des campagnes présidentielle et législatives de 2012.

Un système offshore sophistiqué a été mis en place entre Hongkong, Singapour, les îles Vierges britanniques et le Panama. Il a été utilisé pour sortir de l’argent de France, au moyen de sociétés écrans et de fausses factures avec la volonté d’échapper aux services antiblanchiment français.

Au centre de cette ingénierie financière off shore : Frédéric Chatillon. Ancien dirigeant du Groupe union défense (GUD), groupuscule étudiant d’extrême droite, il a rencontré Marine Le Pen à l’université de droit d’Assas au début des années 1990.
Une amitié solide s’est forgée puisque son entreprise, Riwal, est devenue le principal prestataire du FN pour la communication lors des campagnes électorales et, en 2012, son prestataire exclusif.

Selon Le Monde, pourtant "en 2012, juste après l'élection présidentielle, Frédéric Chatillon s'organise, avec le concours de Nicolas Crochet, pour faire sortir 316.000 euros de Riwal et du territoire français". Naît alors un montage complexe, passant notamment par l'acquisition d'une société-écran baptisée "Time Dragon" et basée à Hongkong, dont la maison mère est domiciliée aux îles Vierges britanniques via la firme panaméenne Mossack Fonseca.
Un montage reconnu par Frédéric Chatillon sur Facebook lundi soir, mais lui assure que l'argent était un investissement "en toute légalité" pour sa société "Unanime".

Le système passe également par une société hongkongaise appartenant au frère de Nicolas Crochet, Ever Harvest Garments, une "fausse facture censée régler la réalisation des sites Internet du Rassemblement Bleu Marine pour les législatives", et divers transferts de fonds.

"J'aurai droit demain (mardi) aux honneurs du Monde dans l'affaire de #Panamapapers", écrit le patron de Riwal sur Twitter. "J'ai bien entendu mis à disposition de ces deux journalistes les documents prouvant la parfaite légalité de ces opérations", affirme-t-il.

Mais Marine Le Pen n'est pas seule à voir ses proches cités dans cette affaire. Son père également, dont le nom de l'ancien majordome, Gérald Gérin, apparaît également selon Le Monde sur les fichiers de Mossack Fonseca. Le parquet national financier, qui enquête déjà sur des faits présumés de fraude fiscale commis par l’ancien président du Front national, soupçonnerait ce dernier "de s’être servi de son ancien homme de confiance pour y dissimuler une partie de sa fortune", avec "une opacité parfaitement organisée".

"La cellule anti-blanchiment de Bercy, Tracfin, a trouvé de multiples éléments reliant cette société, dotée de 2,2 millions d'euros, à Jean-Marie Le Pen", assure Le Monde. Alors que, selon M. Gérin, cet argent "n'a rien à voir" avec le fondateur du FN, dont le patrimoine est passé au crible par la justice française.

"Tout ce qui sera fait pour essayer de relier cela au FN ou à Marine Le Pen, cela sera tout simplement de la diffamation", a répondu Florian Philippot, vice-président du FN, sur iTélé, lundi soir. Il a souligné que ni le parti, ni Marine Le Pen n'avaient de "compte offshore" et rappelé que Frédéric Chatillon "n'avait aucune responsabilité au FN".

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 5 Avril 2016

Ce mardi, les révélations dans le dossier Panama Papers se poursuivent. Le quotidien Le Monde affirme également que la Société Générale a compté jusqu'à 979 sociétés offshore, les 2/3 créées via sa filiale au Luxembourg.

Après les révélations du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), la France, l'Australie, l'Espagne et le Panama ont ouvert des enquêtes.

La banque française Société Générale fait partie des cinq banques qui ont créé le plus grand nombre de sociétés offshore par l'intermédiaire du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, a détaillé mardi le quotidien Le Monde, après analyse des données "Panama Papers" (évasion fiscale).

"Au total, elle compte à son actif 979 sociétés, derrière la britannique HSBC (2.300 sociétés), les suisses UBS (1.100 sociétés) et Credit Suisse (1.105 sociétés)", selon le journal, qui précise que "deux-tiers de ces entités offshore ont été créées par SG Bank and Trust Luxembourg".

Le reste des activités a été enregistré dans d'autres filiales de la Société générale, en Suisse et aux Bahamas. "Ces sociétés offshore ont été créées pour le compte des clients fortunés de la banque", assure Le Monde. La filiale luxembourgeoise en a domicilié principalement dans les Seychelles et les îles Vierges britanniques, tandis que la SG Private Banking de Genève s'est tournée vers le Panama.

La Société générale ne reconnaît que "quelques dizaines" de sociétés offshore

Le groupe Société Générale se défend des accusations d'évasion fiscale après avoir été mis en cause dans le dossier Panama Papers pour avoir créé 979 sociétés offshore via le cabinet panaméen Mossack Fonseca.

En réaction aux révélations du Monde, la banque a affirmé ce mardi dans un communiqué que seules "quelques dizaines" de ces entités créées pour ses clients étaient encore actives et qu'elles étaient gérées de façon "totalement transparente".

Dans un précédent communiqué publié hier lundi, la banque assurait qu'elle n'était plus elle-même présente dans les paradis fiscaux, mais que ses clients pouvaient y posséder des sociétés, ce qui n'est pas interdit par la loi.

"Les structures auxquelles il est fait référence dans les médias ne sont pas détenues par Société Générale mais par des clients. Si la loi française ne prévoit aucune restriction concernant les relations avec des clients établis dans ces juridictions, Société Générale est particulièrement vigilante et mène depuis plusieurs années une politique proactive afin de s'assurer que nos activités respectent les standards les plus élevés en matière de lutte contre la fraude et l'évasion fiscales", a insisté le groupe bancaire.

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 4 Avril 2016

Un paradis pour les touristes, mais aussi pour ceux qui souhaitent échapper à la fiscalité traditionnelle. Et depuis hier, c'est un enfer pour les 140 responsables politiques ou personnalités de premier plan présents sur un listing dévoilé par une centaine de journaux. Le président de la République François Hollande a réagi promettant des "enquêtes" fiscales et des "procédures judiciaires".

En France, un millier de personnes auraient eu recours aux services de Mossack Fonseca sur la période concernée par les documents (1977 à 2015), a déclaré Elise Lucet sur RTL ce lundi. Son magazine Cash Investigation fait partie des médias ayant eu accès aux fichiers complets.

"Toutes les informations qui seront livrées donneront lieu à des enquêtes des services fiscaux et à des procédures judiciaires", a déclaré le chef de l'État lors d'une visite d'entreprise à Boulogne-Billancourt. Il a par ailleurs remercié les "lanceurs d'alerte et la presse" pour ces révélations qui vont, selon lui, permettre de nouvelles "rentrées fiscales". "Ce que je peux vous assurer, c'est qu'à mesure que les informations seront connues, toutes les enquêtes seront diligentées, toutes les procédures seront instruites et les procès éventuellement auront lieu", a assuré François Hollande.

"Si je peux dire, c'est une bonne nouvelle que nous ayons connaissance de ces révélations parce que ça va nous faire encore des rentrées fiscales de la part de ceux qui ont fraudé", a affirmé le président, soulignant que "rien que pour l'année 2015, 20 milliards d'euros ont été notifiés à ceux qui avaient fraudé" et que sur ces 20 milliards, l'État avait "déjà repris 12 milliards d'euros". "Donc, je remercie les lanceurs d'alerte, je remercie la presse qui s'est mobilisée et je ne doute pas que nos enquêteurs sont tout à fait prêts à étudier ces dossiers et ces cas pour le bien d'abord de ce qu'on peut penser être la morale, et aussi pour le bien de nos finances publiques", a-t-il poursuivi.

"C'est grâce à un lanceur d'alerte que nous avons maintenant ces informations. Ces lanceurs d'alerte font un travail utile pour la communauté internationale, ils prennent des risques, ils doivent être protégés", a encore dit le chef de l'État.

11,5 millions de documents, regroupés sous la dénomination "Panama Papers" proviennent du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, qui a estimé que leur publication était un "crime" et une "attaque" contre le Panama. Le gouvernement du Panama a, lui, assuré dimanche qu'il "coopérera vigoureusement" avec la justice en cas d'ouverture d'une procédure judiciaire.

On y retrouve des membres de l'entourage de Vladimir Poutine, mais aussi dans le monde du sport. Des sociétés liées à la famille du président chinois Xi Jinping, qui affiche volontiers sa détermination à combattre la corruption, apparaissent également dans les documents révélés dimanche, tout comme le président ukrainien Petro Porochenko.

La manière dont les documents ont filtré n'est pas connue. Ils ont d'abord été obtenus par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) a ensuite réparti le travail d'exploitation, qui a duré environ un an, entre les publications membres. L'ICIJ précise sur son site internet que 370 journalistes de plus de 70 pays y ont participé. Plus de 214.000 entités offshore sont impliquées dans les opérations financières dans plus de 200 pays et territoires à travers le monde, selon le consortium.

Parmi les personnalités mentionnées dans les millions de documents figurent notamment des : - Associés du président russe Vladimir Poutine, qui auraient détourné jusqu'à 2 milliards de dollars avec l'aide de banques et de sociétés-écrans, selon l'ICIJ.
- Le président argentin Mauricio Macri, qui a été membre du directoire d'une société offshore enregistrée au Bahamas, selon le quotidien argentin La Nación membre du consortium,
- "Je n'ai jamais caché d'avoirs, a de son côté affirmé le Premier ministre islandais, Sigmundur David Gunnlaugsson, soupçonné d'avoir dissimulé des millions de dollars aux Iles vierges britanniques.

"Les documents montrent que les banques, les cabinets d'avocats et autres acteurs opérant dans les paradis fiscaux oublient souvent leur obligation légale de vérifier que leurs clients ne sont pas impliqués dans des entreprises criminelles", affirme l'ICIJ. "Cette fuite sera probablement le plus grand coup jamais porté aux paradis fiscaux à cause de l'étendue des documents" recueillis, estime Gérard Rylé, le directeur de l'ICIJ cité par la BBC. "Ces révélations montrent à quel point des pratiques nocives et la criminalité sont profondément enracinées dans les places offshore", selon Gabriel Zucman, un économiste de l'université de Californie à Berkeley cité par le consortium basé à Washington.


Le monde du football, déjà ébranlé ces derniers mois par plusieurs scandales touchant les dirigeants de la Fifa, n'est pas épargné : quatre des 16 dirigeants de la fédération internationale auraient ainsi utilisé des sociétés offshore créées par Mossack Fonseca. Les documents du cabinet d'avocats font aussi apparaître les noms d'une vingtaine de joueurs vedettes, évoluant notamment à Barcelone, au Real Madrid ou encore au Manchester United.

Parmi eux le multiple ballon d'or Lionel Messi. Avec son père, ce dernier serait propriétaire d'une compagnie au Panama, dont la mention apparaît pour la première fois dans les documents de Mossack Fonseca le 13 juin 2013, le lendemain de leur mise en examen pour fraude fiscale en Espagne, toujours selon l'ICIJ.

Michel Platini aurait, lui, eu recours aux services du même cabinet d'avocats en 2007, l'année où il été désigné président de l'UEFA, pour administrer une société au Panama. Dans un communiqué à l'AFP, il a renvoyé vers "l'administration fiscale suisse, pays dont il est résident fiscal depuis 2007".
Outre le football, d'autres sports comme le hockey et le golf sont également concernés, ajoute l'ICIJ.

Les révélations, qui couvrent une période de près de 40 ans allant de 1977 à 2005, mentionnent encore des affaires réalisées dans les paradis fiscaux par le père aujourd'hui décédé de l'actuel Premier ministre britannique David Cameron, ou par des fonctionnaires proches d'Hugo Chávez, l'ancien président vénézuélien, mort en 2013. Elles rappellent celles de WikiLeaks, site spécialisé dans la diffusion de documents secrets créé en 2006.

Parmi les personnalités politiques et les proches d'élus au pouvoir, un nom apparait :
- Celui de l'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac.
Des personnalités du monde du cinéma sont également mentionnées :
- le réalisateur espagnol Pedro Almodóvar et son frère Agustin, comme l'indique le journal espagnol El Mundo.
- Lacteur Jackie Chan fait aussi partie de la liste, en tant qu'actionnaire de six entreprises situées dans le paradis fiscal des Îles Vierges britanniques.

Jérôme Fenoglio, le directeur du journal Le Monde, qui a participé avec une centaine d'autres médias à l'enquête, a mentionné ce lundi matin sur France Inter l'implication d'un "grand parti national français". Il a par ailleurs évoqué le nom du président syrien Bachar El-Assad, qui aurait utilisé les comptes offshore pour contourner les sanctions internationales consécutives à la guerre en Syrie.

Le magazine Cash Investigation de Mossack Fonseca, mentionne par ailleurs le député-maire de Levallois-Perret, Patrick Balkany, ainsi que l'homme d'affaires franco-israélien Patrick Drahi (propriétaire d'Altice Media Group, actionnaire de L'Express). Concernant ces derniers, aucune précision n'est apportée sur leur implication. Il cite également la Société Générale, qui "administre encore des dizaines de sociétés écran dans les paradis fiscaux".

Un autre Français impliqué est l'architecte français Patrick Henri Devillers, associé de l'épouse d'un ancien dignitaire chinois, Bo Xilai.

Douze chefs d'Etat et de gouvernement figurent dans les documents. Parmi eux, certains sont actuellement en fonction: le président argentin Mauricio Macri, le premier ministre islandais Sigmundur Davíð Gunnlaugsson, le roi d'Arabie Saoudite Salmane Al Saoud, le président ukrainien Petro Poroshenko, et le président des Emirats Arabes Unis Khalifa bin Zayed.

Tous ont fait enregistrer des sociétés offshore dans un paradis fiscal par Mossack Fonseca, affirme Le Monde. Sociétés offshore qui ne sont pas forcément liées à des activités illégales, même si le soupçon de fraude fiscale est lourd.

En Europe, le nom de l'épouse du commissaire européen au climat Micaela Domecq Solis Beaumont, et de la soeur de l'ancien roi d'Espagne Pilar de Borbon, apparaissent aussi dans les archives de Mossack Fonseca.

Les révélations touchent tous les continents. le secrétaire particulier de Mohammed VI, le roi du Maroc, un collaborateur de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, un neveu du président sud-africain Jacob Zuma, ou encore la fille du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, et le beau-frère du président chinois Xi Jinping. Aucun responsable politique américain ne figure dans la liste, en revanche.


- Le fils du président congolais Denis Sassou Nguesso et plusieurs autres fils de personnalités africaines apparaissent dans les Panama Papers. Homme politique et homme d'affaires, Denis Christel Sassou Nguesso, surnommé "Kiki le pétrolier" à Brazzaville, est notamment député d'Oyo, dans le nord du pays, directeur général adjoint de la Société nationale des pétroles du Congo, rappelle Le Monde.

- Les noms du fils de Kofi Annan, l'ancien secrétaire général de l'ONU, de John Kufuor, l'ex-président ghanéen (2011-2009), apparaissent également dans les Panama Papers. D'autres personnalités, comme le ministre de l'Industrie algérien Abdeslam Bouchouareb, un général rwandais ou la soeur jumelle du président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila, sont également citées.

Plus de 500 banques, filiales et succursales ont travaillé avec Mossack Fonseca depuis les années 1970 pour aider leurs clients à gérer des sociétés offshore. Plus de 1100 sociétés ont ainsi été mises en place par l'intermédiaire d'UBS et plus de 2300 par l'intermédiaire de HSBC et ses filiales.

29 milliardaires figurant sur la liste de Forbes des personnes les plus riches au monde sont mentionnés.

"La plus grande fuite de l'histoire du journalisme vient de voir le jour, et elle concerne la corruption", a commenté de son côté Edward Snowden, principal lanceur d'alerte sur les activités du renseignement américain.

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 4 Avril 2016

Le député Les Républicains Éric Ciotti a appelé dimanche le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, à inclure l'interdiction du syndicalisme dans la magistrature dans le projet de réforme constitutionnelle du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Cette demande intervient à la suite de l'interview au JDD du garde des Sceaux, qui argue que la droite était initialement favorable à l'idée d'imposer au gouvernement de suivre l'avis du CSM pour les nominations des magistrats du parquet et cite, entre autres, une proposition de loi de M. Ciotti "en faveur de l'indépendance" du parquet.

"La disposition que j'avais soutenue, loin de se suffire à elle-même, s'accompagnait en contrepartie de l'interdiction du syndicalisme au sein de la magistrature", car "vouloir inscrire dans la Constitution ce qui relève déjà d'une bonne pratique aujourd'hui (sur les nominations ndlr) ne suffit pas", a répliqué l'élu LR des Alpes-Maritimes dans un communiqué.

Pour ce membre de la commission des Lois, "notre démocratie exige l'indépendance des magistrats mais aussi leur totale impartialité".

"On l'a vu par le passé, des magistrats censés rendre la justice au nom du peuple expriment sous couvert de liberté syndicale des positions politiques souvent tranchées. Chacun garde aussi en mémoire le syndicat de la magistrature qui s'était permis de prendre pour cible des hommes politiques et des parents de victimes en affichant leurs photos sur "un mur des cons" sur lesquelles on pouvait lancer des fléchettes", a ajouté M. Ciotti.

Considérant que "la totale indépendance de la justice impose de mieux encadrer le devoir de réserve des magistrats", ce député a demandé "solennellement au garde des Sceaux d'inclure dans le projet de réforme constitutionnelle l'interdiction du syndicalisme au sein de la magistrature, comme c'est déjà le cas dans d'autres pays européens".

La majorité des 3/5e des parlementaires requise pour une adoption définitive en Congrès de la révision constitutionnelle sur le CSM paraît incertaine, le groupe des députés LR ayant déjà annoncé un vote contre.

Guillaume Larrivé, porte-parole des députés LR sur ce texte a indiqué au JDD qu'il défendrait mardi à l'Assemblée une motion de rejet.

François Hollande est "en train de déterrer le projet sur le CSM, qui nous avait été soumis une première fois à l'Assemblée en 2013 par Christiane Taubira. Or nous y étions opposés et nous y restons opposés pour un raison de fond : l'indépendance de la justice, ce doit être l'impartialité de l'autorité judiciaire, ce ne peut pas être l'autonomie d'un contre-pouvoir judiciaire", ajoute M Larrivé.

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 3 Avril 2016

Le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, décrit dans un entretien au Journal du Dimanche une justice "à bout de souffle", avec un ministère qui "n'a plus les moyens de payer ses factures".

Le ministre, en poste depuis deux mois, rappelle avoir dit à son arrivée que "la justice était au bord de l’embolie". "Depuis que je pousse la porte des juridictions, je dis plutôt qu’elle est sinistrée ", s'alarme-t-il.

Par exemple, "la direction de l’administration pénitentiaire a 36 millions d’euros de factures impayées pour des hospitalisations de détenus". Ou encore, "l’État a une dette de 170 millions d’euros" de frais d'interprètes, de laboratoires d’analyses ADN, d'experts, d'écoutes téléphoniques... "Tous ces prestataires privés sont payés au minimum avec quatre mois de retard", déplore le ministre.

"je connais même un tribunal où on n'imprime plus les jugements, parce qu'il n'y a plus d'argent pour les ramettes de papier".

Dans cet entretien au JDD, le ministre rappelle par ailleurs sa volonté de mener à bien le projet de réforme constitutionnelle sur le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), destiné à renforcer l'indépendance des magistrats. "Cette réforme consiste à faire nommer les procureurs par le CSM, autrement dit à enlever au politique ce pouvoir de nomination", explique-t-il.

"Voir poindre à nouveau aujourd’hui des tentations de nominations politiques de procureurs me fait dire que cette réforme du CSM, qu’appellent de leurs vœux tous les magistrats, est absolument nécessaire", déclare le ministre.

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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Publié le 3 Avril 2016

"La mode islamiqe" s'inscrit dans une tendance plus vaste appelée "mode pudique", traduction de l'anglais "modest fashion".

"Il n'y a pas de règles dans la mode." Le message, signé H&M, a été lancé dans une récente pub mondiale du géant suédois pour le recyclage des vêtements. Pour la première fois, à l’injonction "soyez chic", apparaît une jeune femme musulmane dont les cheveux et le cou sont recouverts d’un foulard.

"Nos collections permettent à chacun d’habiller sa personnalité mais n’encouragent pas un choix de mode de vie en particulier", esquive la marque populaire.

H&M est loin d’être la seule enseigne à lorgner sur ce marché de la mode. Après la firme japonaise Uniqlo qui a annoncé la mise en vente de hidjabs (voiles islamiques) dans son magasin de Londres, c’est à Marks & Spencer de se jeter à l’eau. Des maillots de bain couvrant l’intégralité du corps de la femme, excepté le visage, les mains et les pieds, sont désormais proposés par la chaîne de magasins britannique.

Pour 62,95 €, vous pouvez commander sur son site un burkini, forme contractée de "burqa" et de "bikini", noir ou bleu fleuri. Un signe d’ouverture, a fait savoir la marque, qui n’a pas empêché les réactions indignées de se propager sur Internet.

On a assisté cette semaine à une véritable levée de boucliers contre Marks and Spencer mais aussi Uniqlo, Dolce&Gabbana, Mango ou encore Tommy Hilfiger. Ces marques qui se lancent sur le créneau de la "mode islamique" seraient "irresponsables" de l'avis de la ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol. Le 30 mars, Pierre Bergé s'est lui aussi insurgé, "scandalisé" par "ces créateurs qui participent à l'asservissement de la femme".

Pierre Bergé, compagnon d'Yves Saint Laurent et président de la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent, a lancé à ces marques : "Renoncez au fric, ayez des convictions !" "Je suis scandalisé. Moi qui ai été près de 40 ans au côté de Yves Saint Laurent, j'ai toujours cru qu'un créateur de mode était là pour embellir les femmes, pour leur donner la liberté, pas pour être le complice de cette dictature qui impose cette chose abominable que fait qu'on cache les femmes, qu'on leur fait vivre une vie dissimulée", a-t-il dit sur Europe 1.

La Clef (Coordination française pour le lobby européen des femmes), qui regroupe une cinquantaine d'associations féministes, s'est réjouie dans une lettre ouverte que la ministre des Droits des femmes ait "réagi avec force et indignation face à la banalisation du port du voile islamique". Dans un communiqué, la présidente du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE), Danielle Bousquet, a pour sa part souligné le "courage dont fait preuve dans ce débat" Mme Rossignol. Elle "a eu raison de dénoncer l'irresponsabilité des grandes marques qui, au nom du profit, n'hésitent pas à reprendre à leur compte une stratégie fondamentaliste politico-religieuse", a-t-elle estimé.

Dans un entretien publié à l'AFP, Elisabeth Badinter a remis une couche. Elle juge que "pour ce qui regarde (ces) marques vestimentaires qui veulent vendre la tenue islamique, il n'y a qu'une seule réponse: le boycott". Elle considère en outre qu'on ne peut pas se dire féministe et défendre le port du voile.

Les "dites "féministes islamiques", elles oublient qu'en guise d'égalité elles doivent rester à la maison, que l'héritage est divisé par deux dans les pays musulmans et la polygamie admise dans le Coran dont elles se réclament", estime la philosophe.

Pour les femmes musulmanes, il s'agit notamment de s'éloigner de l'abaya, tunique large et simple ne laissant voir que le visage, souvent noire, portée par-dessus les vêtements et imposée aux femmes en Arabie saoudite. Plus répandu dans le monde, le hijab, simple voile islamique couvrant les cheveux et les épaules, devient également un véritable accessoire que les femmes peuvent assortir à leur tenue.

Ce style "pudique" s'applique aussi aux vêtements de bain, depuis qu'une créatrice australienne a dessiné et commercialisé en 2007 un "burkini", maillot de bain couvrant l'ensemble du corps sauf les mains, les pieds et le visage. Aux yeux des musulmans intégristes, toutes ces tenues non traditionnelles restent indécentes.

Poussés par la multiplication de blogs consacrés à cette mode pudique, les créateurs comprennent donc, tardivement, que les femmes musulmanes aussi achètent des vêtements. Et si beaucoup d'entre elles s'en réjouissent, l'auteure Ruqaiya Haris, qui porte elle-même le hijab, pose un regard "plus cynique" sur la chose.

Dans une tribune publiée en janvier sur le Guardian (en anglais), elle rappelle que "les ventes de produits de luxe ont atteint 8,7 milliards de dollars au Moyen-Orient l'année dernière et les musulmans ont dépensé 266 milliards de dollars dans ces produits à travers le monde en 2013". Des chiffres qui, selon elle, aident à comprendre "ce qui motive réellement ces marques".

La population musulmane serait donc surtout une "nouvelle cible pour des marques de luxe qui stagnent de plus en plus et sont en manque de relais de croissance", explique Frédéric Godart, sociologue et auteur de Sociologie de la mode, à Libération.

En France, la question du port du voile islamique provoque en effet régulièrement des crispations. Le sujet divise particulièrement les féministes. D'un côté, celles qui défendent le droit des femmes à porter ce qu'elles veulent et à exercer librement leur spiritualité, et donc à porter un voile, quel que soit son sens. De l'autre, celles qui, comme la ministre, y voient un symbole du "contrôle social du corps des femmes".

Plus généralement, le port du hijab est régulièrement associé au fondamentalisme, voire au terrorisme, comme l'a montré récemment une caricature de Plantu qui a provoqué la colère de nombreux internautes.

Polémique autour de la mode islamique

Sur sa chaîne YouTube, la blogueuse voilée Asma Fares, qui publie des conseils beauté et lifestyle (maquillage, nutrition, mode, épilation…) reçoit régulièrement des commentaires insultants, aussi bien de la part d'internautes islamophobes dénonçant le port du voile que de musulmans radicaux qui lui "souhaitent l'enfer", jugeant qu'elle est un mauvais exemple pour les jeunes musulmanes.

Des voix musulmanes se sont étonnées de ce débat. Abdallah Zekri, président de l'Observatoire contre l'islamophobie et secrétaire général du Conseil français du culte musulman, s'est demandé : "Est-ce que la France n'a pas d'autre souci, alors qu'elle combat le terrorisme, que de stigmatiser les femmes musulmanes ? Est-ce qu'un ministre a le droit de s'ingérer dans la manière dont une femme souhaite s'habiller, dans la mesure où elle respecte les lois de la République et qu'elle ne cache pas son visage ?"

Le blogueur musulman "orthodoxe" Fateh Kimouche, spécialiste de l'économie islamique, demande un peu de "pragmatisme". Selon lui ces articles "répondent tout simplement à un marché, y'a pas de gros barbu derrière. Il y a des milliers d'emplois à la clé".

Sur les réseaux sociaux, de nombreuses femmes voilées ont également interpellé la ministre, peinées par cette polémique. Beaucoup lui ont rappelé qu'elles avaient elles-mêmes choisi de porter le voile, sans aucune obligation d'un tiers.

Cette tendance ne fait pourtant pas autant de vagues outre-Manche où les arguments des partisans de la mode musulmane ont plus d'écho.

En Angleterre où le burkini sera vendu par Marks and Spencer, le débat n'est pas aussi vif remarque le Telegraph qui rapporte que la polémique française a même fait réagir les politiques. Dans les colonnes de ce même journal, quelques jours plus tôt,la journaliste Allison Pearson, avait pourtant écrit un article dénonçant vivement "cette mauvaise nouvelle" qu'elle voyait comme "une tentative pour normaliser le traitement du corps de la femme comme étant quelque chose qu'on devrait cacher. [...] Le burkini dit haut et fort 'je ne dois pas être une source de tentation. C'est de ma faute si un homme a envie de moi ou s'il me viole'."

"En Grande-Bretagne comme aux États-Unis, cette mode-là ne choque pas autant qu'en France", remarque Hanna Woodhead, doctorante à la faculté de théologie de Genève qui travaille sur la mode religieuse et en particulier sur la notion de pudeur depuis deux ans. Elle cite ainsi en exemple les fonctionnaires musulmanes de la police londonienne dont la tenue comprend un voile, comme celle de leurs confrères sikh, un turban. En France, dans le pays de la laïcité républicaine, les fonctionnaires sont tenus à la neutralité.

Les adeptes de cette mode qui couvre plus qu'elle ne dévoile sont convaincues que la vraie beauté est faite de couches de vêtements. Certaines comme la créatrice américaine Nzinga Knight n'hésitent pas à aller plus loin en affirmant que s'habiller ainsi est un signe de liberté, une liberté que les femmes dans les sociétés occidentales auraient perdu.

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Rédigé par Pierre HAMMADI

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